jeudi 27 février 2014

Un barbu, des barbouzes

        Ceci est une critique de film passablement idiote qui dévoile toute l'intrigue, cependant assez prévisible, du film "Du sang et des larmes", sorti récemment sur les écrans.          
      En septembre 2005, l’armée américaine est victime d’un des plus tragiques fiascos qui ont marqué l’intervention occidentale en Afghanistan. Le 28 juin 2005, quatre Navy Seals tentent de localiser le chef taliban Ahmad Shah et sont découverts par des bergers menant leur troupeau de chèvres. Les quatre soldats commettent l’erreur de laisser repartir les trois bergers qui s’empressent de prévenir le groupe de talibans d’Ahmad Shah. Le film de Peter Berg , Lone Survivor (Du sang et des larmes en France et Le seul survivant au Québec), narre dans le détail la traque des quatre Navy Seals par la centaine de combattants d’Ahmad Shah et la destruction par ces derniers d’un hélicoptère Black Hawk venu secourir les soldats en difficultés ; c’est-à-dire le cauchemar de l’opération Red Wings, le plus cuisant revers militaire subi par les Etats-Unis depuis la bataille de Mogadiscio en octobre 1993. La comparaison avec le film de Ridley Scott, Black Hawk Down s’impose donc à l’esprit. Elle ne tient pas très longtemps cependant. Ridley Scott tirait du récit originel une parabole guerrière  traversée par quelques scènes inoubliables, comme l’arrivée au campement de l’ONU avec ses serveurs Sikhs enturbannés proposant aimablement thé et rafraîchissements à l’escouade décimée avec la même déférence que s’il se fut agi d’une délégation diplomatique. Peter Berg n’est pas exempt de maestria mais là où Scott évoquait crûment la guerre, Lone Survivor est plombé par un discours patriotique plus pesant qu’une dinde aux marrons accompagnée de sa traditionnelle purée de potirons.



            Ne craignons pas de vendre la mèche puisque le film, qui s’intitule après tout Le seul survivant, débute sur une scène dans laquelle une équipe médicale s’active sur le corps supplicié de Mark Walhberg, seul rescapé, donc, de ce qui a tourné à la mission suicide. La caméra plonge dans le beau regard triste du soldat, encore fixé sur les horreurs dont il a été le témoin et nous plongeons 72 heures en arrière dans ses souvenirs…
            Le film est certes tiré d’une histoire vraie, et que l’on aime ou non s’adonner à l’anti-américanisme le plus primaire, il faut reconnaître le courage et l’invraisemblable valeur de combattants qui réussirent à tenir tête à une à au moins une cinquantaine de combattants talibans. Mais le traitement offert par Peter Berg à ce récit incroyable est quelquefois si ridiculement outré qu’on ne peut s’empêcher de relever avec délice les clichés les plus éculés qui circulent dans cette énième ode au courage des GIs. Soixante-douze heures plus tôt donc, un Navy Seals s’éveille sur son lit de camp, alors qu’un rayon de soleil qui passe à travers la fenêtre du baraquement, enveloppe amoureusement sa forme étendue et que les draps légers lui caressent la raie des cheveux. Son doux regard encore embrumé de sommeil erre sur les photographies qui tapissent le mur de sa modeste chambrée, sur les visages des êtres aimés qui, sur les polaroïds, lui renvoient son sourire. Mais ne s’attardant pas plus, notre Navy Seal barbu que la douce tiédeur de la couette ne parvient pas à retenir, saute à bas du lit et file à travers le baraquement pour retrouver son autre copain Navy Seal, lui aussi barbu, et lui montrer des photos de chevaux sur son ordinateur portable. A ce stade du film, on est déjà en droit de se demander si le défunt Tony Scott n’est pas revenu d’entre les morts pour remplacer Peter Berg derrière les caméras et tourner un remake de Top Gun en Afghanistan. Dans deux minutes c’est sûr, on aura droit à la partie de volleyball, tous pectoraux dehors et abdominaux luisant de sueur…



            En réalité, barbu n°1 tient juste à montrer à barbu n°2 quelques photos du bourrin que sa femme exige pour son anniversaire. Un pur-sang arabe, ni plus ni moins. Les femmes imposent parfois qu’on leur rende un culte exigeant. Le deuxième barbu se nomme Marcus Latrell et comme il est incarné par Mark Walhberg, nous le nommerons simplement Barbumarc, tandis que son copain amateur de chevaux deviendra Barbubourrin, pour plus de commodité. Après avoir un peu parlé pur-sang arabes avec Barbumarc, Barbubourrin décide d’aller faire la course autour du campement avec un autre barbu que nous nommerons simplement Barbubis. Les deux hommes se mesurent de toute la force de leurs mollets en petit short et en T-shirt moulant ; Tony Scott est de retour, on attend logiquement la scène de douche collective et les serviettes qui claquent virilement sur les fesses…Mais après avoir bien couru et bien sué, Barbubis et Barbubourrin retrouvent leurs autres copains Navy Seals qui boivent des bières autour d’une table de camping en rotant et en faisant des blagues de barbus. Il y a là un barbu blond que ses collègues nomment « Axe », sans doute en référence à l’odeur corporelle qui lui vaut tant de succès avec les femmes, et que nous appellerons simplement Barbublond, ainsi qu’un gros garçon musculeux et boudiné dans son T-Shirt XXL, blond comme Pamela Anderson lui aussi mais auquel l’absence de barbe donne un air gentil et niais au point que nous l’appellerons simplement Gropoussin.

Gropoussin

         Comme Barbubis a perdu la course contre Barbubourrin, les autres proposent de le tondre et de lui raser les testicules comme l’on a coutume de faire pour célébrer cordialement les exploits sportifs dans l’armée américaine. Barbubis n’a pas de chance : non seulement il est mauvais à la course à pied mais sa femme est encore plus chiante que celle de Barbubourrin et lui envoie des catalogues de tapisserie et de moquettes, exigeant de lui qu’il choisissent la bonne teinte de revêtement mural ou de tapis de sol alors qu’il est en mission en Afghanistan tout de même. Tous ses potes se foutent de lui du coup :

-         -  Elle doit être en cloque ta meuf, lance Barbublond
-         -  HEUHEUHEU ! fait Barbubourrin
-         -  Allez les gars on va le tondre !

Heureusement pour Barbubis, le capitaine Barbafurax apparaît à la porte d’un baraquement au moment où toutes les mains se tendent vers les couteaux de survie pour faire un sort à la barbe et aux testicules du malheureux.

-          - Allez tas de lopettes mielleuses, ramenez vos burnes flasques en salle de briefing, on va préparer la mission !
-          - OUAIS ! OUAIS ! LA MISSION !
-          - HEUHEUHEU
-         -  Et moi, et moi chef ? Je peux la faire aussi la mission ?
-         -  Nan pas toi Gropoussin, t’as pas encore passé l’épreuve et t’es encore qu’une petite choute timide sans barbe, je peux pas te laisser partir avec les vrais durs cette fois, alors tu fermes ta mouille et t’attends ta cérémonie d’initiation !
-          - HEUHEUHEU
-          - Ok bougez vos culs terreux en salle de briefing, on va faire le truc compliqué avec la carte d’Etat-major et ensuite on fait la cérémonie d’initiation de Gropoussin.
-        -  OUAIS ! OUAIS !
-         -  HEUHEUHEU

Quelques minutes plus tard, la fine équipe est réunie dans le QG autour d’une table couverte par une immense carte sur laquelle sont fixés de petits drapeaux et posées de petites maquettes de chars et d’hélicoptères. Le capitaine Barbafurax prend le petit paquet d’hélicoptère pour les poser à différents endroits de la carte, en faisant « tchouk tchouk tchouk » avec sa bouche, sous le regard émerveillés de ses hommes qui n’osent pas toucher les petites maquettes de peur de prendre une bonne avoine : on ne rigole pas avec les jouets du capitaine. Celui-ci énonce les étapes de l’opération ultra-secrète et périlleuse qui se prépare. Il s’agit de repérer et capturer Barbumoche, le chef des Talibans.

-          Comment on le reconnaît chef ? Ils sont tous barbus ces sauvages.
-          HEUHEUHEU
-    La ferme Barbubourrin ! Vous le reconnaîtrez aisément au fait qu’il a été amputé du lobe de l’oreille droite et de tout sens moral !
-          C’est moche !
-        Oui. C’est pour ça qu’on l’appelle Barbumoche. Nous fixerons différents points de rendez-vous radio pour que nous puissions suivre votre progression de la base. Le premier repère est Bibine, le second Pinard, le troisième Vodka-Citron et le dernier Schnaps-Cerise.
-          Schnaps-Cerise, c’est pour les taffioles capitaine ! On peut pas choisir un autre nom ?
-         C’est la boisson préférée de ma femme, espèce de résidu de raclure de chiotte, maintenant fermez-la et rompez, on va faire la cérémonie initiatique de Gropoussin.
-          OUAIS ! OUAIS ! LA CEREMONIE !

Au cours de sa cérémonie initiatique, Gropoussin doit réciter un poème long et difficile qui montre que les Navy Seals sont de courageux et vaillants combattants, très forts en football américain et à la baston. On lui demande ensuite de s’humilier en public en se trémoussant sur du Shakira pendant que ses copains lui jettent des canettes vides à la figure. Son rite d’initiation est accompli, Gropoussin aura désormais la tâche difficile d’être standardiste au QG du capitaine Barbafurax pendant le reste de la mission et du film. Délivrés de la lourde responsabilité de faire de Gropoussin un homme, nos héros s’envolent, lourdement harnachés, vers les terriblezépérilleuses montagnes afghanes.

Tchouk tchouk tchouk

        Ici s’amorce la partie la plus intéressante de Lone Survivor. La longue séquence durant laquelle les Navy Seals prennent leurs positions pour se mettre en planque à proximité d’un village afghan et repérer leur cible est sans doute la meilleure du film. Ils ne tardent pas d’ailleurs à repérer celle-ci. Il s’agit du chef taliban Ahmad Shah dont la description ne laisse aucun doute aux Navy Seals : il lui manque le lobe de l’oreille gauche et il a le regard torve et cruel : il s’agit bien de Barbumoche. Escorté d’une forte escouade de talibans aux barbes menaçantes, Barbumoche se pavane et terrorise le village sans se douter que, de leur cache secrète, les Navy Seals l’observent attentivement.
         Malheureusement pour ces derniers, un événement inopportun va ruiner leur plan. Trois bergers et leur troupeau de biquettes débarquent soudain en plein milieu de la cache des Navy Seals et ruinent l’ambiance. Rapidement maîtrisés par les super-soldats, les trois bergers se retrouvent ligotés à un arbre, attendant de connaître leur sort. Les Navy Seals, quant à eux, débattent de longues minutes des suites à donner à l’affaire.

-       Faut les buter chef, y-vont nous balancer à leurs potes talibans et ça va pourrir encore plus l’ambiance dans le coin.
-          Nan on peut pas faire ça chef, il y a un enfant et on est des gentils.
-          C’est vrai ça chef, si ça passe sur CNN on va encore se faire chambrer.
-          HEUHEUHEUHEU !
-       Ta gueule Barbubourrin…Bon les gars, en tant que Barbuchef je décide de quoi qu’on fait et je décide donc qu’on libère les bergers qui ne connaissent certainement pas la région assez bien pour rejoindre le groupe de tueurs sanguinaires de Barbumoche et n’auront de toute façon jamais l’idée de le prévenir que quatre Navy Seals sont planqués dans la montagne en attendant de pouvoir lui faire la peau.
-          Heu non ça c’est clair chef ! Ils y penseront jamais !
-          Clair !
-          OUAIS
-          HEUHEUHEUHEUHEU !

A peine libérés, les bergers disparaissent dans la nature et le plus jeune d’entre-eux, un adolescent avec une tête de fouine vicieuse, dévale pieds-nus la montagne plus vite qu’un champion de snowboard à Sotchi. En deux minutes et quarante-trois secondes, il a prévenu le régiment de talibans qui, avec Ahmad Shah à sa tête, se lance à la poursuite des Navy Seals. Pendant ce temps, ceux-ci tentent sans succès de joindre la base parce que leurs téléphones ne captent pas, comme dans n’importe quel film d’horreur de bas étage.
                  Là encore il faut souligner quelques qualités de Lone survivor. La scène de combat entre les quatre Navy Seals et les (au moins) deux cent talibans est ultra-réaliste. Ce qui l’est moins, c’est la capacité de résistance des militaires américains qui encaissent (presque) sans broncher les multiples blessures par balles, les dégringolades répétées sur des dizaines de mètres de rocs acérés et les fractures en série. L’affrontement est prenant, certes, et la mort de chacun des soldats est héroïque mais, même si le générique de début de film présentait le terrible entraînement des militaires afin de nous faire comprendre qu’un Navy Seals peut survivre à un choc frontal avec un TGV ou Angela Merkel, on a du mal à croire que nos héros puissent encore se traîner avec tous les os brisés et le corps transformé en passoire. La fin tragique de Barbublond est particulièrement poignante. Touché à de multiples reprises, agonisant contre un arbre après avoir perdu des litres de sang, Barbublond meure comme Roland à Roncevaux, levant une dernière fois son colt 45 en guise de Durandal vers l’ennemi qui n’est même pas fichu de bien viser et doit s’y reprendre à plusieurs fois avant de l’achever. Barbuchef connaît également une fin héroïque, réussissant à se jucher au sommet d’un piton rocheux, sous le feu nourri des Talibarbus, pour contacter la base avec le téléphone satellite :

-         Alloouibonjouricilestandardtéléphoniquedelabaseducapitainebarbafuraxquepuisjepourvous ?
-          Gropoussin ! Gropoussin ! Vite prév…Argh ! Himmel ! Che suis re-touché à noufeau !
-          Tous nos conseillers sont actuellement en ligne. Ne quittez  pas. Nous allons donner suite à votre appel.
-          Aïeu mais merde chié ça fait mal arrêtez de me tirer dessus vous êtes cons !
-          [solo de flûte à bec]
-          Gropoussin merde décroche !
-          [solo de guitare bontempi]
-          Arrrrhh non pas mes c….
-          Ouiallomonsieurquepuisjepourvous ?
-          Gropoussin ARGH on est foutus ARH on est encerclés AIE ynoustirentdessusc’thorrible !
-          Nous n’avons pas compris votre demande. Si vous voulez des renseignements sur la mission en cours, composez le 1. Si vous souhaitez vous réengager pour cinq ans dans l’armée américaine, composez le 2. Si vous souhaitez connaître le menu de la cantine, composez le 3. Sinon, veuillez patientez. Un conseiller va vous répondre.
-          Gropoussin mmmmmerdeuuuuu !!!
-         Alloouibonjouricilestandardtéléphoniquedelabaseducapitainebarbafuraxquepuisjepourvous ?
-          Gropoussin, c’est Barbuchef !!!
-          Ah chef comment ça va ?
-          J’expire !!!
-          Ah bon? Ah oui j'adore! Il le joue quand ? Ce soir ? Allo ? Allo ?
-          Argh. Couic.

Intrigué, Gropoussin repose le combiné. « Qui c’était ? », demande le capitaine Barbafurax. « C’était Barbuchef. J’ai pas bien compris, il y avait du bruit derrière lui et il voulait aller au théâtre et après ça a fait couic. » Suspicieux, le capitaine Barbafurax lève un sourcil : « Tu me fais réécouter l’enregistrement de la conversation tout de suite s’il-te-plaît Gropoussin ? »


        Après avoir réécouté la bande et battu Gropoussin à mort, le capitaine Barbafurax rassemble le plus possible de gars dans un hélico et s’envole aux secours des quatre infortunés NavySeals. Arrivé au-dessus des lieux de l’affrontement à bord de son destrier des airs, le capitaine Barbafurax, jette un regard perçant sur les montagnes par la porte arrière grande ouverte de l’hélicoptère, afin de repérer ses hommes en détresse. Tout ce qu’il repère malheureusement est un vil taliban qui lève un lance-roquette vers son appareil. « Attention les gars, y-en a un qui… » seront ses derniers mots, avant que l’hélicoptère n’explose, projetant des débris métalliques et des poils de barbe partout sur la montagne.
        Voyant le puissant engin et une escouade entière réduits en miettes par un afghan analphabète équipé d’un tromblon anti-aérien soviétique des années 80, Barbumarc, le seul survivant (d’où le titre du film, c’était donc ça !), ne demande pas son reste et s’enfuit en chouinant dans la montagne. Apeuré et épuisé, il se jette dans un marigot pour prendre le frais, en abandonnant prudence, bardas et M-16 derrière lui sur la rive. Tandis qu’il sort la tête de l’eau en secouant ses cheveux comme dans une pub Tahiti douche il aperçoit avec horreur un enturbanné et sa famille qui le hèle sur l’autre rive, alors que les clameurs des poursuivants se rapprochent. « Je suis foutu, pense Barbumarc, adieu base-ball, course à pied, bibine et bite au cirage ! J’aurai même pas le temps de bizuter Gropoussin ! » Mais Barbumarc a bien de la chance. L’Afghan qui lui fait signe est un fait un gentil qui est en désaccord avec la politique de la violence menée par les talibans et l’inclinaison très fortement traditionaliste de leur projet de société qui cadre mal avec ses aspirations personnelles au vivre-ensemble et son sens de l’hospitalité. Notre Afghan, de plus, a le regard doux et compréhensif, nous l’appellerons donc Barbidoux. Avec l’aide de Barbidoux, Barbumarc est caché dans le village des Afghans. Il se soigne en se retirant de la cuisse des morceaux de shrapnels gros comme des bras de bébé et apprend les rudiments de la langue locale avec le fils du patron. « Va donc me chercher un couteau », demande-t-il, mimant une estocade en se frappant la poitrine du poing. Le gosse lui ramène en moins de deux un poulet. C’est pas gagné pour la langue locale. 
        Les talibarbus ne tardent cependant pas à retrouver la trace de Barbumarc et ordonne à Barbidoux, qui doit être le chef du village, de livrer son hôte. Ni une, ni deux, celui-ci refuse catégoriquement et envoie paître le chef de guerre taliban. On ne rigole pas avec l’hospitalité chez les Afghans. S’ensuit alors la scène d’anthologie : l’attaque du gentil village des Pachtoubarbus par les méchants talibarbus. Dans la bataille, Barbidoux fait la peau à Ahmad Shah tandis que Barbumarc se trouve aux prises avec un autre taliban sur le point de lui poinçonner la tête avec sa dague acérée. « Poulet ! Poulet ! », hurle-t-il à l’adresse du fils du patron…qui lui ramène un couteau avec laquelle il se débarrasse illico du taliban. Barbumarc a enfin compris les subtilités de la langue afghane. 
           La cavalerie des airs américaine ne tarde pas à intervenir et transforme cette fois les talibarbus à découvert en pâté de fanatique. L’héroïque Barbumarc s’en tire à bon compte et trouve encore la force de remercier son bienfaiteur Barbidoux : « Merci mec de m’avoir protégé au péril de ta vie et de celle de ta famille. Dans les prochains jours, les talibarbus vont sans doute revenir pour te faire la peau, violer ta femme, éventrer tes enfants et foutre le feu à ton village mais désolé faut qu’on y aille nous, on peut rien pour toi, hasta la vista baby et merci pour le poulet ! » Les hélicos s’envolent, Barbumarc est sauvé et nous rappelle en voix off qu’il ne faut jamais cesser le combat. Le générique fait défiler les photos des authentiques soldats qui trouvèrent la mort au combat lors de l’opération Red Wings. Le cinéma américain a cette grande force qu’il peut se permettre de se livrer sans retenue aux exercices d’autocélébration patriotique les plus excessifs, à partir du moment ou une mise en scène tout à fait efficace fait passer la pilule. On est pas ici pour se lamenter sur les horreurs de la guerre mais pour célébrer ceux qui sont morts pour la patrie et faire savoir à l’ennemi que l’armée américaine n’abandonne jamais ses combattants. Vae Victis


dimanche 23 février 2014

Les damnés

            Les bombes au phosphore avaient mis le feu à des quartiers entiers de cette ville, faisant un grand nombre de victimes. Jusque là, rien d’extraordinaire, même les Allemands sont mortels. Mais des milliers et des milliers de malheureux, ruisselant de phosphore ardent, dans l’espoir d’éteindre le feu qui les dévorait, s’étaient jetés dans les canaux qui traversent Hambourg en tous sens, dans le port, le fleuve, les étangs, dans les bassins des jardins publics ou s’étaient faits recouvrir de terre dans les tranchées creusées ça et là sur les places et dans les rues pour servir d’abri aux passants en cas de bombardement. Agrippés à la rive et aux barques, plongés dans l’eau jusqu’à la bouche, ou ensevelis dans la terre jusqu’au cou, ils attendaient que les autorités trouvassent un remède quelconque contre ce feu perfide. Car le phosphore est tel qu’il se colle à la peau tel une lèpre gluante, et ne brûle qu’au contact de l’air. Dès que ces malheureux sortaient un bras de la terre ou de l’eau, le bras s’enflammait comme une torche. Pour échapper au fléau, ces malheureux étaient contraints de rester immergés dans l’eau ou ensevelis dans la terre comme les damnés de Dante. Des équipes d’infirmiers allaient d’un damné à l’autre, distribuant boisson et nourriture, attachant avec des cordes les plus faibles au rivage, afin qu’ils ne s’abandonnent pas vaincus par la fatigue, et se noient ; ils essayaient tantôt un onguent, tantôt un autre, mais en vain, car tandis qu’ils enduisaient un bras, une jambe ou une épaule, tirés un instant hors de l’eau ou de la terre, les flammes, semblables à des serpents de feu se réveillaient aussitôt et rien ne parvenait à arrêter la morsure de cette lèpre ardente.

Curzio Malaparte. La Peau.


vendredi 21 février 2014

Rage de dents


          Hier je lisais le Nouvel Observateur chez le dentiste. A vrai dire, c’est souvent là que je lis ce journal. Hasard étrange mais heureux, on le retrouve quasiment dans tous les cabinets d’attente des praticiens, médecins généralistes, dentistes, chirurgiens et autres ingénieurs de la machine humaine aux spécialités les plus variées. Au milieu d’une pile de Closer, entre deux Automagazine et trois brochures détaillant pour les enfants en bas âge les étapes essentielles du brossage de dent, on trouve toujours un Nouvel Obs caché quelque part. Sa lecture a sans doute un effet immensément bénéfique sur les patients condamnés à patienter en attendant le diagnostic libérateur. Les flots de moraline et d’opinions convenues déversées dans cet hebdomadaire pour réformistes du troisième âge apaisent comme par magie le nerf malade, l’articulation douloureuse et les bronches fatiguées. En plus, mon dentiste est à la page, il tient à jour son stock d’Obs, aussi sérieusement qu’il administre les détartrages. C’est ainsi en cherchant à calmer ma rage de dents que je me suis orienté vers l’éditorial de Laurent Joffrin, un peu comme on prend un Efferalgan.


            Cette semaine, Laurent Joffrin est épouvanté. Pas épouvanté comme une pom-pom girl courant dans un bois sombre pour échapper au tueur d’une série Z. Non. Pas épouvanté non plus comme un inspecteur des impôts découvrant les comptes de la mairie de Marseille, ni épouvanté comme moi quand je vois le dentiste sortir la fraiseuse. Non non, pas du tout : Laurent Joffrin a l’épouvante noble et l’indignation historique, il est épouvanté comme Léon Blum qui découvre avec horreur en 1933 la tendance néo-socialisto-fasciste incarnée par Adrien Marquet et Marcel Déat. Léon Blum aujourd’hui c’est Laurent Joffrin et Marcel Déat, c’est Causeur. C’est bien normal. Laurent Joffrin a des épouvantes de Grande Tradition. Au Nouvel Obs, on pétoche Label rouge s’il-vous-plaît, on a toujours les foies dans le sens de l’histoire.
            Causeur, dès lors, c’est Marcel Déat, c’est Adrien Marquet, c’est la-bête-immonde, celle qui s’emploie à « délégitimer l’humanisme républicain pour passer en contrebande une marchandise xénophobe, antieuropéenne et nationaliste. » On est à mi-chemin entre Stevenson et Jacques Doriot, Causeur c’est un peu Pirate des Caraïbes chez les fachos, le crime reproché à cette bande de flibustiers de la déviance déviationniste étant d’avoir donné la parole à Dieudonné, d’avoir accordé un entretien à Belzebuth. Personnellement, j’ai trouvé, en bon contrebandier de l’humanisme républicain déligitimé, que c’était plutôt une bonne idée de faire parler Dieudonné. En lisant son interview, je me suis même dit que l’aura du personnage eût été conséquemment diminuée si on l’avait fait parler plus tôt. Je veux dire par là : parler sérieusement, pas camouflé derrière le prétexte du rire et le bouclier du comique, en exposant clairement sa vision des choses, tout à fait édifiante. Cinq pages d’entretien suffisent à démontrer que ce type possède peut-être un certain génie comique mais qu’en revanche il ne comprend pas les termes qu’il emploie à longueur de temps, judaïsme, juif, sionisme, tout ceci surnageant dans une bouillie conceptuelle épaisse, et qu’il est urgent qu’il lise les manuels d’histoire et de géographie qu’il confie avoir envie de déchirer car, visiblement, sa vision du monde et de l’histoire est aussi simpliste que lacunaire. A lire cet entretien, j’ai eu vraiment l’impression que Dieudonné était une affaire classée. Il n’est même pas utile de donner tort ou raison à son complotisme délirant, ce type démontre parfaitement bien lui-même qu’il est complètement à côté de la plaque.
            Je ne voudrais pas en conclure que Causeur a fait plus œuvre utile que mille éditoriaux de Laurent Joffrin pour rendre à Dieudonné sa vraie dimension. Si j’étais taquin, je dirais même plus que l’indignation de commande des Joffrin et consorts a fait davantage pour la sulfureuse notoriété de Dieudonné - en en faisant un martyr de la liberté d’expression - que mille dossiers de Causeur. Pour s’en rendre compte, il suffisait de le laisser parler. Voilà. C’est fait, passons à autre chose.    
Ah, mais on me signale que Laurent Joffrin a toujours l’air épouvanté, le gosier béant et le maxilaire distendu. Rendez-vous compte, de vils esprits ont pu reprocher à l’Obs d’avoir accolé sur sa couverture Eric Zemmour, Alain Soral et Dieudonné, comme si le journal était coutumier des rapprochements hasardeux…Allons donc…Au Nouvel Obs, on adore les listes, c’est comme ça. A défaut de réflexion, on se contente des associations et à défaut d’honnêteté on fait des procès d’intention, ça occupe et ça vous meuble un édito aussi sûrement qu’un bon plombage vous renfloue une molaire défaillante. Alors, hop, c’est reparti, Joffrin l’épouvanté refait rapidement le coup du bottin de la fachosphère : Elisabeth Lévy (l’Annie Cordy de la réaction…), Ivan Rioufol (le Carlos du conservatisme ?), Renaud Camus (le Claude François de la xénophobie ?), Eric Zemmour (le Plastic Bertrand de l’islamophobie ?) …etc…etc…Tout ça pour aboutir comme d’habitude au nationalisme débridé et aux heures les plus sombres…etc…etc            
Cette manie des associations me rappelle étrangement une nouvelle de Stephen King dont le titre ne me revient pas (si cela dit quelque chose à quelqu’un) mais dont je me rappelle l’histoire : un couple traverse en voiture l’ex-Yougoslovie. Les deux visiteurs échouent dans un village, perdu dans la campagne et vont être associés à une étrange coutume locale, vestige du titisme : en grimpant tous les uns sur les autres, les habitants du village et leurs prisonniers (le couple de touristes) forme un être géant, une sorte de version cauchemardesque de l’homme nouveau titiste, formé d’un assemblage de corps humains, qui va affronter le bonhomme géant du village voisin. Je suggérerai bien à Laurent Joffrin que l’on organise la même chose. On pourrait demander à tous les affreux réacs de s’agglomérer pour former une version grandeur nature et suffisamment terrifiante de la bête immonde tandis que la courageuse équipe du Nouvel Obs s’agglomérerait à son tour pour aller combattre le monstre. Imaginez ! Ca aurait de la gueule : le bonhomme Causeur et le bonhomme Observateur en train de se coller des tartines en plein Paris, sur la place de la Concorde, histoire d’en rajouter une louche dans le symbolique ! Là je pense même qu’on tient quelque chose d’énorme : un Pacific Rim à la française, rien de moins ! On pourrait appeler ça : Politic Rim ! Ca ferait certainement un carton et ça permettrait de relégitimer de manière spectaculaire l’humanisme républicain déligitimé. Evidemment à la fin les fachos seraient écrasés et le bonhomme Observateur ferait triomphalement le tour de la France pour aller à la rencontre du bon peuple, un peu comme Axel Kahn. Je ne sais si Laurent Joffrin serait moins épouvanté par cette suggestion, en tout cas moi j’ai moins mal aux dents.


Article à retrouver sur Causeur

mercredi 19 février 2014

L'Ukraine, paradoxe européen

        A propos de la crise ukrainienne, Bernard Henri-Lévy, a, à nouveau, revêtu la toge de la dignité outragée, proclamant, plein de superbe, sur France Culture « Il faut arrêter la mascarade, s’il nous reste un peu d’honneur, il faut partir ! » Partir d’où ? Des JO de Sotchi où les athlètes français recueillent, selon le flamboyant philosophe, des médailles pleines de sang. Un peu plus tôt dans la matinée, l’ancienne vice-présidente de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Elisabeth Gigou, semblait plus mesurée dans ses propos, appelant de manière très vagues à d’illusoires sanctions ‘personnelles’ à l’égard de Viktor Ianoukovytch, rappelant, avec une pointe d’embarras que l’Europe a déjà condamné moralement et verbalement la répression qui s’organise à Kiev. On comprend son embarras, d’autant que l’Europe a une part de responsabilité dans cette crise ukrainienne.

Un manifestant à Kiev, en Ukraine  Photo :  AFP/VOLODYMYR SHUVAYEV

            Les relations de l’UE avec l’Ukraine sont déterminées aujourd’hui par la Politique Européenne de Voisinage, un instrument diplomatique conçu en 2004, à la suite de la révolution orange, qui laissait espérer aux dirigeants européens un rapprochement rapide avec Kiev. Même si la Politique Européenne de Voisinage intègre les relations avec l’Algérie, le Maroc, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, l’Autorité Palestinienne, la Syrie, la Tunisie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie et la Moldavie, l’Ukraine reste l’enfant chérie de cette politique européenne qui fait les yeux doux à l’ancienne patrie de Nicolas Gogol depuis que celle-ci a montré des velléités de s’émanciper de la ferme tutelle du grand frère russe. Le 13 janvier 2005, le parlement européen avait même voté, presque à l’unanimité (467 voix contre 19), une motion exprimant officiellement le désir de l’UE de renforcer les liens avec cette Ukraine où semblait devoir triompher à terme la démocratie libérale. Les principes énoncés par la PEV stipulent assez clairement que « la PEV ne se limite pas à la mise en place d'accords de coopération ou de commerce, mais elle permet également une association politique, une intensification de l'intégration économique, une amélioration de la mobilité et un renforcement des contacts entre les peuples. »[1] Les négociations sont allés bon train entre les dirigeants européens et le tandem formé par le président Viktor Iouchtchenko et le premier ministre Yulia Tymoshenko, égérie de la révolution orange, même si les pays d’Europe de l’est déjà membres de l’UE depuis 2004, traînaient ostensiblement les pieds, inquiets à l’idée de voir les frontières de la Russie se rapprocher ainsi dangereusement de celles de l’UE, et des leurs. Le rapprochement était vu d’un très bon œil en revanche par les Etats-Unis, qui ont entamé un rapprochement avec l’Ukraine dès 1994, rapprochement perçu par la Russie « comme une intrusion dirigée contre les intérêts vitaux de la Russie, laquelle n’a jamais abandonné l’idée de recréer un espace commun », comme le rappelle Z. Brzezinski dans Le Grand échiquier (2000, p. 140)[2]. Les intellectuels français tels que BHL applaudirent alors l’accord que tous considéraient comme étant en voie d’achèvement. Le président Viktor Ioutchenko proclamait même à ce moment que les pourparlers aboutiraient « dans six mois tout au plus. » Les choses sont allées jusqu’à la création d’un nouvel instrument de rapprochement diplomatique, l’agenda d’association UE-Ukraine[3], mais les négociations se sont heurtées réellement au veto russe, formulé de façon militaire avec la Géorgie en 2008, puis économique avec la crise gazière de 2009. Le conflit entre la Géorgie et la Russie aurait d’ailleurs pu avoir des relations plus fâcheuses. Comme le rappelle Pierre Verluisse, « les élargissements récents de l’Union européenne (2004 [1] et 2007) à d’anciennes républiques ou d’anciens pays satellites de l’Union soviétique ont suivi une chronologie précise : dans un premier temps devenir membre de l’OTAN, dans un second temps adhérer à l’UE. Le délai entre les deux évènements peut varier de quelques semaines à quelques années, mais l’ordre est généralement l’OTAN d’abord, l’UE ensuite. »[4] Ces rapprochements se sont fait sous l’œil bienveillant de Washington qui, suivant toujours la ligne Brzezinski, cherchaient à contrer toute les tentatives de « restauration impériale russe » tandis que Moscou jouait à nouveau des coudes pour retrouver son autorité sur les anciennes marches de l’empire. Il est heureux que l’opposition de la France et de l’Allemagne aient en partie empêché l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN. Cela aurait placé l’UE et les Etats-Unis dans une situation plus qu’embarrassante après la leçon du conflit russo-géorgiens d’août 2008.
            Cette crise aurait cependant dû constituer un avertissement pour les Européens en ce qui concernait l’Ukraine, de même que la crise gazière de janvier 2009, qui vit la Russie couper le robinet alimentant l’Ukraine et une partie de l’Europe en gaz. Alain Besançon et Bernard Marchandier ont beau soutenir avec raison, que l’occupation mongole du XIIIe siècle a permis à l’Ukraine de nouer des liens historiques avec l’Europe[5], il était tout de même difficile de continuer à jouer avec le feu dans les pattes de l’ours russe, bien décidé à reconquérir son influence sur ce qu’il considère comme son glacis protecteur, en promettant monts et merveilles, adhésion, prospérité et pudding (européen) à une Ukraine tiraillé entre les pro-russes et les pro-européens. Aurait-il était plus avisé d’envisager la relation entre l’Ukraine et l’Europe dans le cadre d’un partenariat stratégique avec la Russie ? C’est l’idée que défendait Elisabeth Guigou sur France Culture…Un peu tard sans doute. Catherine Ashton, baronne des affaires étrangères européennes défend toujours, quant à elle, l’idée que le contrat d’association UE-Ukraine est toujours valide, tandis que les Etats-Unis affichent une fois de plus avec beaucoup de délicatesse leur irritation vis-à-vis des errements diplomatiques des malheureux européens…Qui se sont placés eux-mêmes dans une situation impossible.
            En effet, au contraire de Bernard Henri Lévy qui dénonce avec force la brutalité russe, on pourrait presque se demander pourquoi Poutine semble jouer sur du velours et attendre assez placidement que les événements tournent en sa faveur, ce qui ne semble pas acquis au vu des récents développements de la crise ukrainienne. C’est qu’il y a également l’argument économique. L’Ukraine se trouve actuellement sous perfusion russe. Cette année, Vladimir Poutine a promis douze milliards (à un taux de 5%) à une économie ukrainienne en pleine Berezina, tout en conditionnant toutefois cette aide au maintien d’un gouvernement pro-russe. Mais même si Ianoukovitch devait quitter le pouvoir, ce qui est largement envisageable, et devait céder le pouvoir à une opposition pro-occidentale, qui n’est pas plus épargnée par la corruption et la tendance au népotisme que l’actuel président, l’UE devrait injecter, d’après le magazine économique Quartz, pas moins de vingt-quatre milliards d’euros pour soutenir une économie plombée par une dette de presque cent quarante milliards. Si les négociations pour l’adhésion de l’Ukraine ont autant traîné depuis la Révolution orange, ce n’est peut-être pas uniquement en raison des pressions russes. En décembre 2009, José Manuel Barroso constatait d’ailleurs avec un certain humour : « nos amis ukrainiens doivent faire plus s’ils veulent que nous les aidions plus. »[6]
            La grande erreur de l’Europe, et sa part de responsabilité, est donc d’avoir à la fois cherché à presser les choses sur le plan diplomatique tout en sachant que le processus d’adhésion n’était pas fondé sur des bases réalistes, tant sur le plan stratégique qu’économique, et d’avoir voulu produire un effet d’annonce, qui s’est révélé tout à fait néfaste pour le peuple ukrainien. Une gestion qui est peut-être moins due aux pressions américaines qu’à une politique européenne déterminée par une vision du monde tout à fait irréaliste. Comme le proclame le site officiel de la Politique Européenne de Voisinage : «La PEV offre à l'UE les moyens de renforcer les relations bilatérales avec ces pays. Cette politique s'appuie sur un engagement mutuel en faveur de valeurs communes telles que la démocratie, les droits de l'homme, l'État de droit, la bonne gouvernance, les principes de l'économie de marché et le développement durable. » L’enfer est pavé de bonnes intentions… 



Article également publié sur Causeur.fr



[4] Directeur de recherche à l’IRIS. Directeur du Diploweb.com. Distinguished Professor de Géopolitique à l’ESC Grenoble. Directeur de séminaire à l’Ecole de guerre. http://www.diploweb.com/OTAN-UE-Georgie-quel-calcul.html
[5] http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/01/21/l-ukraine-est-europeenne_4351464_3232.html
[6] http://www.kyivpost.com/content/ukraine/barroso-ukrainian-friends-of-europe-should-do-more-55208.html