mardi 26 août 2014

Zéro de conduite


Le bras de fer entre l’exécutif et les ministres rebelles aura eu des conséquences inédites : Benoit Hamon devient ainsi le premier ministre de l’éducation nationale qui se voit privé de rentrée des classes. La présidence Hollande envoie bien des signes de fébrilité depuis l’élection de 2012 mais on conviendra quand même qu’un ministre de l’éducation qui prend la tangente et fait l’école buissonnière à cinq jours de la rentrée, ça ne fait pas très sérieux. Même les syndicats semblent un peu désorientés : "Les choses commençaient à cette rentrée. On n'a pas eu le temps d'avoir sa philosophie sur le rôle de l'école », se désole presque Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Il faut dire qu’en cinq petits mois de présence, Benoit Hamon aura tout juste eu le temps de reprendre le cafouillage sur les rythmes scolaire là où Vincent Peillon l’avait abandonné, de retarder une éventuelle refonte des programmes, de retarder la pré-rentrée qui avait été avancée, de ranger au placard l’ABCD de l’égalité et de lancer en l’air l’idée de faire disparaître les notes à l’école. Finalement, ce ne sont pas les notes qui ont disparu, c’est le ministre. Si on se laissait tenter par l’humour de potache, on pourrait plagier Brice de Nice : Benoit, t’es comme le H de Hamon, tu sers à rien !
Cela dit, le gouvernement de Valls I n’a, dans son ensemble, pas non plus servi à grand chose. Manuel Valls voulait un « gouvernement de combat », il l’a eu : tout le monde s’est castagné dans tous les sens et l’empoignade se termine par au moins trois sorties de terrain : Montebourg est invité à aller redresser le redressement ailleurs, Filippetti se fend, pour annoncer son départ, d’une lettre ouverte qui fait à l’avance frémir les puristes de l’orthographe et Benoit Hamon pourra se consoler en devenant délégué des parents d’élèves à la prochaine rentrée. C’est qu’il n’est pas commode Manuel, le nouveau CPE ! Et comme il a viré tout le monde, à lui maintenant de composer une nouvelle dream team qui ne se montre pas aussi embarrassante que la précédente. Lourde responsabilité ! Notre cher président l’a doucereusement prévenu, il faudra cette fois composer « une équipe en cohérence avec les orientations qu'il a lui-même définies pour notre pays ». Voilà qui n’est pas évident mais on pourrait suggérer à Manuel Valls la composition suivante, afin d’éviter tout risque de nouvelle implosion la veille de la rentrée, ce qui ferait vraiment désordre :

Premier ministre : Manuel Valls

Ministre des affaires étrangères : Leonarda

Ministre de l’écologie et du développement durable : Bob l’éponge
Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche : Nabila

Garde des sceaux et ministre de la justice : Jérôme Cahuzac

Ministre des finances et des comptes publics : Manuel Valls

Ministre de l’économie,  du redressement productif et du numérique : Pierre Gattaz

Ministre des affaires sociales et de la santé : Dany Boon

Ministre du travail, de l’emploi et du dialogue social : Didier Deschamps

Ministre de la défense : Yannick Noah

Ministre de l’intérieur : Manuel Valls

Ministre des droits des femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports : Najat Vallaud-Belkacem

Ministre de la décentralisation et de la fonction publique : Manuel Valls

Ministre de la culture et de la communication : Manuel Valls

Ministre de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement : Manuel Valls

Ministre des logements et de l’égalité des territoires : Manuel Valls

Ministre des outre-mer : Manuel Valls



Il sera ainsi plus facile de former un gouvernement qui soit en cohérence avec les orientations qu’il a lui-même définies pour notre pays. 

Plus qu’à trouver les orientations.


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