dimanche 2 novembre 2014

Cette brume insensée où s'agitent des ombres, comment pourrais-je l'éclaircir ?



Cette phrase de Raymond Queneau, qui apporta le tapuscrit de La Place de l'étoile à Gaston Gallimard, servit d'épitaphe à W. ou le souvenir d'enfance, il était naturel d'en faire le titre d'un Plaisir à Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014 à sa grande surprise et non à celle des bookmakers anglais.


La nouvelle tombe sur le téléscripteur. Immédiatement, les langues vont bon train. Des quatre coins de l'hexagone, la même ritournelle :  Il ne le mériterait pas.
Mon sang ne fait qu'un tour.
Qui publie devient sur le champ suspect et qui se voit honoré passe de suspect à coupable présumé avant d'avoir la tête tranchée.

À nouveau, cette fois-ci à son corps défendant, s'écrit La Place de l'étoile, le premier roman d'un jeune homme doué, qui assène, invraisemblable vérité, l'impossibilité  d'être juif et français dans l'après-collaboration. On aurait tort d'y voir une provocation. La valeur n'attend pas le nombre des années.  À l'avance,  un post-adolescent compose Pseudo quand Romain Gary mettra vingt ans à découvrir le pot aux roses.  Son excuse ?  Passé par les hangars de la RAF et la fraternité des Compagnons de la France libre, l'exilé russe leur aura abusivement prêté le visage de la France et aura confondu la Madone aux fresques des murs, une certaine idée avec le pays réel.  De la même manière, que Modiano ne pouvait, jeune homme,  être juif et français, le vieil homme, chargé de livres, ne saurait être l'écrivain français, qu'il a choisi –  amnésique volontaire – de devenir et écrivain à visée universelle : un Nobel admissible.


Pas le temps ici d'expliciter l'invraisemblable vérité. Le lecteur intéressé lira le Gary and co de Sarah Vajda où la romancière et critique élit comme angle d'attaque et fil rouge de sa lecture l'étrange douleur et l'invraisemblable colère du jeune Romain Gary à l'encontre de l'abjecte saillie de Kléber Haedens, tempérant pour longtemps, sans doute pour toujours-c'est-terriblement-long, sa joie d'avoir obtenu  son premier Goncourt. Tout viendrait de là,  y reviendrait. Ajar et sa grammaire disloquée, l'aveu final des Cerfs-volants, une vie entière à admettre cette impossibilité conjecturale ou essentielle, qu'un éphèbe fit tomber, désinvolte,  sur le pavé parisien.  



Revenons à l'accusation de non-universalité, jetée sur l'œuvre de Modiano en ce bel automne 2014.
Nul ne conteste à Modiano la qualité d'écrivain, enfin presque personne, seul  son  profil de  Nobel. Ah ! Il existe un profil.  

Voyons le profil.

Wikipédia, providence des imbéciles, qui veulent tout savoir sans n'avoir rien appris,  affirme : « Le prix Nobel de littérature récompense annuellement, depuis 1901, un écrivain ayant rendu de grands services à l'humanité grâce à une œuvre littéraire qui, (selon le testament d'Alfred, son saint patron) a fait la preuve d'un puissant idéal. » Formule vague, surtout soumise aux variations climatiques et géopolitiques du beau nom d'idéal. Kipling aujourd'hui ne serait plus, horresco referens,  le plus jeune lauréat d'un tel prix et sans vouloir le moins du monde  jouer les rabat-joie, il me souvient que l'académie suédoise suspendit ses activités pour ne blesser personne entre 1940 et 1943. Chacun, un jour ou l'autre, se sera montré lâche. Je ne jette aucune pierre, me contente de rêvasser à la noble institution, d'affirmer que ce prix revenait, de fait comme de droit,  à Jakob Wassermann, victime d'une version live de Farenheit 451 avec dans les rôles principaux le Chancelier Adolf Hitler lui-même et son fidèle adjoint à la culture, Joseph Goebbels, qu'on ne présente plus.

Wassermann, juif allemand, né à Fürth,  avait commis une œuvre magistrale à portée universelle, en passe d'être effacée du Livre de mémoire. Disparu en 1934, les nazis autodafièrent jusqu'à son souvenir...Bon nombre d'entre vous ignorent jusqu'au nom de Jakob Wassermann. Ils font mal. Wassermann vit assez vite son génie reconnu. Ce n'était que justice. Son Caspar Hauser illustrait par l'exemple la manière dont la bourgeoisie au cœur de glace utilise le malheureux pour mieux le rejeter et son opus majeur – L'Affaire Maurizius suivi d'Etzel Andergast –  dont Henry Miller estimait avec raison « qu'elle élevait l'erreur judiciaire au rang d'une tragédie grecque » vaut,  haut la main, Les deux étendards de Rebatet, si vantés. Ce rare ouvrage,  composé par une âme dont la douceur ironique s'apparentait à celle de Tchekhov, sut  conjoindre l'exigence de vérité, apanage de  Rilke dont Wassermann fut l'ami, à une vive force.  Rarement écrivain parvint,  par l'art du roman, à donner plus exacte vision des ravages infligés aux âmes assoiffées d'absolu et aux honnêtes gens par leur bref séjour sublunaire. L'ambition était haute. Wassermann l'atteignit, recourant au genre épique et au roman conversationnel sans jamais succomber à la tentation du bavardage.

Le dernier, Julien Duvivier tira en 1954 un bel objet avant que le nom du noyé ne disparaisse de la mémoire humaine, comme s'estompent, au portillon de la postérité, les âmes sans répit chahutées par les nouveaux arrivants à l'heure de pointe au métro de la gloigloire.

Revenons à nos corbeaux et à leurs inconséquents croassements.
Le moyen de  donner un tel prix à qui n'a jamais composé que deux livres, la Place de l'étoile et Ronde de nuit ? Plus de quarante fois, revue et corrigée, l'éternelle  promenade d'un agoraphobe dans un passé perdu et jamais retrouvé.   

Il existe un profil pour le Nobel,  il  rime avec universel.

S'il existe un écrivain sur la terre habitée, en voie de désertification ou de disparition,  susceptible de parler à tous et à chacun en langue claire de son calvaire quotidien, c'est bien Patrick Modiano. Lui seul ou presque. Ce qui vaut pour Paris vaut pour Nankin, Knong-Penh, Vienne, Madrid, Rome, Milan, Détroit, Hiroshima, Lahore, Nevers... Quelle ville n'a pas été touchée par l'ange de la mort, venu marquer une maison ou une autre, évanouir les traces et le chiffre de l'homme ? En quel point du monde n'errent pas les mânes, les fantômes, les lamies et les goulues d'une Dora Bruder ? Par ce fait très simple, Modiano serait déjà l'écrivain le plus universel des  écrivains.  Lui seul. 

 Mon contradicteur,  rencontré cent fois en ce jour d'octobre,  insiste :
-        Modiano n'et pas le porte -parole de l'humanité souffrante...

Le démon git dans les détails. La lettre, toujours préférée à l'esprit. L'adresse à l'humanité souffrante  serait la condition sine qua non. Nous voilà d'accord. Modiano, non seulement est – avec Jacques Chessex – le meilleur écrivain francophone contemporain mais de surcroît le plus exportable. Retour de la visée universelle. Mon contradicteur, certain de son bon droit, il confond engagement et universalité,  ne désarme pas.

-        Votre Modiano ne parle pas de son temps, du nôtre. Il est  obsolète. Et de plus, crime suprême,  il publie depuis plus de quarante ans le même livre.

Il écrit le même livre ? C'est là tout son génie. Par-là, je veux que l'on l'honore et me réjouis infiniment qu'un prix de cette envergure l'ait fait. Il écrit le livre le plus ordinaire, le mieux partagé par un monde délaissé depuis 1945. Il écrit notre histoire commune et singulière, à nous tous, sans exception, orphelins de la guerre, nous qui avons grandis, fils de collaborateurs et fils de résistants, fils d'attentistes et fils d'aquoibonistes, fils de juifs et fils d'aryens, enfants du Lebensborn, fils de la honte et rescapés, génération après génération, abandonnés, bercés par le silence, le mensonge et la dissimulation. Et ce, du Japon au Missouri, de Londres à Tel-Aviv, de Paris à Riom, de Madrid à Naples, de Berlin à Varsovie, d'Odessa à l'Azerbaïdjan, de Nankin à Okinawa, de Gaza à Damas  …  Que voulez-vous,  la guerre était mondiale et aucun de nous n'a échappé au syndrome post-traumatique. Chacun peut à l'envi gloser, selon son club d'appartenance sexuelle, raciale ou religieuse, accuser pêle-mêle la furia capitalista, l'esprit 68, la télévision et la mise en réseau du monde de l'état des choses, il n'empêche. Rien de cela n'eût été possible sans le surgissement d'un Caporal dément sur la scène du monde et sans l'effort exigé pour en débarrasser la terre, dans le strict respect des égoïsmes nationaux. Tous abîmés, blessés, laissés pour compte, surnuméraires : fils, frères, neveux, petits-enfants, arrière-petits enfants de disparus. Même les survivants sont des disparus enfin l'enfant ou l'homme qu'ils avaient été avant-guerre se sont fait la belle ! Des endeuillés, non de leur seule jeunesse mais des revenants,  des revenentes,  écrirait Perec, l'écrivain le plus proche spirituellement des thématiques de Modiano. Me plaît d'imaginer, non plus un immeuble comme ce fut le cas dans la Vie mode d'emploi,  mais une ville, au hasard Paris ou Annecy, ensuite classer, ranger les variations sérielles du fameux « livre unique », que mes contradicteurs reprochent si fort à Modiano dans un seul volume et nous découvririons la même part manquante, semblable amnésie au travail, la même déchirure du roman familial, national, universel. La guerre est notre mère à tous et le mensonge notre père. Le sol était meuble sous nos pas à l'instant où nous fîmes notre entrée dans le monde. Pas un de nous dont le roman familial ne se présente sous la forme d'un puzzle où il manque une pièce, pas un de nous dont l'histoire nationale ne hurle en vain des paroles en allées, alternance de fureur, de bruits et de murmures.  
   


Jo Hedwige Teuwisse - "Ghost of history"

Modiano et Perec se sont voulu les archéologues du souvenir absent, effacé, qui ne reviendra plus comme ne reviendra plus « l'honnête figure cartésienne », que fut le jeune chimiste Primo Lévi avant son arrestation et son incarcération dans la Maison des morts. Désormais, il nous faut cohabiter avec ces morts. Déjà la Révolution française, La Commune, la Grande guerre...  Pas un  fait historique, qui déjà ne contaminait les générations suivantes. Pas d'affaire Dreyfus sans l'uniforme du fusilleur de la Commune, pas de joie munichoise sans le souvenir brûlant des « Enfants humiliés », pas de régime de Vichy sans exécution de la famille royale en place publique et dans l'ombre des cachots, pas de Sarajevo sans congrès de Vienne...  L'histoire, contrairement à la vie humaine, ne connaît nulle borne. Le génie de Modiano et de Perec tient à la perception aigüe  que tous deux eurent de cette continuité souterraine et d'en avoir cherché, inlassables, les traces. De cette tragédie si ordinaire, que tous l'acceptent, un écrivain s'est fait l'aède et le récusant. Lui seul parle aux orphelins khmers, aux Algériens, trahis par le FNL, la France, le FIS, aux enfants de Palestine, abandonnés de tous et pourtant couverts d'amis aux cœurs de glace comme ce pauvre Caspar Hauser, aux juifs, surpris de devoir marcher à nouveau, étoile au cœur, place de l'Étoile. Que voulez-vous de plus en termes d'universalité ? Modiano écrit comme l'homme rêve. Hagard, incertain, il isole une image, une séquence et ensuite,  tente de l'agréger à une totalité. Y renonce. L'énigme ne sera jamais tout à fait résolue. L'amnésie triomphe toujours. La commotion cérébrale exige le futur antérieur. De cette confusion, son génie tire une clarté consolatrice alors même que la destruction passée se double d'une destruction active, perpétuelle. Le silence poursuit son œuvre de mort, tandis que continue, patiente, la destruction des villes où les ombres s'obstinent à marcher.  Modiano compose le livre des lamies tristes, à qui il offre un dernier instant de joie, le sourire factice de l'éternité littéraire. Le lisant, nous redevenons des enfants affolés de le Journal d'Anne Frank, nous sommes de fausses grandes personnes, qui lisons celui d'Hélène Berr, de Margaret Buber, retrouvant Miléna, la fiancée de Kafka, à Ravensbruck. Parler de Modiano rend bègue. L'agoraphobie constitue le motif central de son œuvre, là où elle tient au sensible. C'est toujours Perec, composant L'homme qui dort comme Modiano La rue des boutiques obscures, Perec cherchant en vain la rue Vilain dans W. ou le souvenir d'enfance, hélant les Revenentes d'avoir été longtemps incapable de reconnaître la façade du salon de coiffure de sa mère Cyrla Szulewicz, disparue en 1943 à l'âge de trente ans.




Du coup porté par la grande hache de l'Histoire, nul ne guérit tout à fait.  Ni les enfants du film de Louis Malle, regardant sans y comprendre rien partir leurs camarades ni les voisins, les passants, distribués par erreur dans le rôle de témoins sans être en mesure, faute de connaître le scénario,  de témoigner jamais. D'un pays entier avoir fait d'innocents complices, les avoir réduits au rang de  spectateurs méritait un arrêt sur image. Semblable chose arrive en tous lieux : la mère contrainte d'envoyer son fils aux Jeunesses hitlériennes et condamnée ensuite à vivre en compagnie d'un étranger, soumise çà et là à un ogre trompeur qui, un à un, vorace,  dévore ses enfants jusqu'à que vieille, stérile, il ne lui reste plus assez de larmes pour la cérémonie des adieux et assez d'esprit pour  comprendre ce qui lui est arrivé.  En un mot comme un cent, le XXe siècle pour l'Europe fut temps de somnambules, occupés chaque matin à s'en aller quérir la substance du jour ou simplement à survivre, enrôlés au nom du dieu Mars, de Marx ou d'un de ses lecteurs, contraints toujours de  vivre loin de l'ordinaire humain, hors-nature, livrés au monde pressenti par Sade en son cruel génie.  

Consolation de la littérature, le monde,  fou d'avoir été tant violenté,  délivre une musique qui nous retient, encore un instant de bonheur, sur les berges du Styx. Lisant Modiano, nous allons obscurs dans la nuit solitaire, qui regardons les cercles concentriques laissés sur tous les fleuves du monde par ces pierres jetées et impuissants, nous sentons traversés par les corps de nos ancêtres, les bombes et les obus tombés en tel nombre que nul ne saurait les chiffrer. Nous allons, incertains d'hier vers un avenir tellement semblable à ce passé, dans le temps où la guerre se perpétue dans chaque point du globe, conséquence de la précédente. Ad libitum. De cette impuissance, de cette tristesse, de l'impact de l'histoire sur nos vies minuscules, de l'incessante destruction des âmes par l'amnésie, Modiano demeure à ce jour le plus précieux archéologue. C'est dit.
Il méritait ce prix en vertu de  l'universalité de son œuvre.



Turner - Pêcheurs en mer

Le moyen de ne pas dire un mot de l'écrivain, de l'artiste, car enfin un écrivain n'est pas pilier de bistrot ou camelot de marché, du Roy ou du Peuple,  il n'importe !  Savoir raconter une histoire n'est pas son seul fait. Tout gît dans le comment et Melville, élisant la baleine  « le plus gros des animaux pour composer le plus grand des romans de tous les temps » ne fut pas un simple bonimenteur. Pour être écrivain, il faut savoir d'instinct l'art de plier les mots, toutes catégories grammaticales comprises, sous un commandement personnel. Comment écrit Modiano ? Je l'ignore et cette ignorance m'enchante.  Par quel miracle, quelle grâce,  cette succession de phrases simples et pures tient-elle ?  Je ne sais. Voilà qui me le donne à admirer. Je hais les livres impolis, qui laissent le bâti, l'ourlet, la marque du labeur, ceux qui multiplient en leur cœur les intentions, font sonner haut le schéma actanciel, indiquent  les ficelles,  les à la manière de...  Je hais les tics, les trucs, les effets de manche : ce qui fait métier et ne goûte que les livres mystérieux, qui dénudant l'âme, me condamnent à une confrontation spirituelle doublée de l'érotisation de la langue, grain de la voix comme grain de la peau. Qui d'autre parmi les vivants me procure cette sensation inouïe, tellement intime et pourtant commune ? Personne ou presque. La littérature est ce lieu où le particulier touche à l'universel à seule fin de rendre supportable la terrible traversée. Par la communauté d'expérience et de souffrance, faire de chaque lecteur un membre de l'espèce humaine et de chaque solitaire, un moine en sa cellule, mêlant sa voix silencieuse au vacarme du monde et au concert des oiseaux du ciel, un mot dans le grand livre de l'humanité, une virgule dans le terrible récit, un souvenir échappé,  fragmentaire,  à la nécessaire amnésie.   

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant, douloureux.  Tellement modianesque. Nous sommes dimanche matin, j'appelle mes parents – mon père est mort en octobre 1981 – Lit : 83 35 et annonce venir déjeuner : menu rituel, poulet rôti et pommes sautées. J'arrive à la maison et découvre qu'ils sont morts. Cette impression, pénible s'il en est, Modiano et lui-seul sait l'art de me la restituer, intacte, cette détresse ininterrompue d'être pour jamais orpheline.  Déracinée.  Perdue. Amnésique et pourtant mnésique, comme il sait son Paris sur le bout des doigts et est agoraphobe.  Sur la terre entière tous les humains rêvent, pourquoi ne liraient-ils pas tous Patrick Modiano ? La lecture,  occupation toute spirituelle et intellectuelle en voie de disparition depuis que les marchands de livres se sont substitués aux marchands de sable, fut longtemps un acte aussi solitaire que celui de rêver. Peu d'écrivains possèdent ce don de faire de leurs lecteurs des somnambules. Si nous lions cette solitude bénéfique au vœu de Kafka: « un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous », nous mesurons combien ce rêve lucide que constitue la lecture d'un roman de Modiano nous délivre du froid mortel de notre souffrance. Au-delà du partage de l'expérience, voilà donnée au lecteur la capacité d'éprouver consciemment ce qui se peut : fantasme, peur, amnésie, névrose, tout ce  qui gèle  désirs et  mouvements. Voilà pourquoi, mes chers amis, je tiens ce prix pour hautement mérité et prétends ici faire cesser vos sarcasmes. Si même Vous, vous tenez la politique et l'engagement pour des compagnons inséparables de la chose littéraire, je vous renvoie sans aigreur  au mot de Proust : « Prétendre délivrer un message en écrivant un livre équivaut à offrir un cadeau en y laissant l'étiquette du prix ». 
Le prix,  le juste prix.

Pas celui que Paul remet à Pierre afin que Pierre salue son ami Jacques et que Jacques ou Paul ne  s'en souviennent plus tard, venue l'heure de rendre la monnaie. 

Très sainte prostitution, que chacun vante aujourd'hui en ce monde marchand où il ne reste rien qui ne s'achète ou ne se vende, jusqu'aux enfants, passe ton chemin, je prétends, moi, l'art gratuit, qui n'augmente que les âmes, n'apaise que les cœurs et n'embellit que les jours de notre vie. Au dernier enchanteur et à sa chanson triste,  longue vie, santé et, Nobel permet, prospérité ! 






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