dimanche 26 février 2017

Populisme d'en bas contre populisme d'en haut


On le sait, l’idéologie apprécie peu le réel, elle s’en moque, et ne le considère qu’à la condition qu’il la conforte. On le sait moins, nous sommes tous des idéologues car qui pense, pense toujours à partir de son giron – velléité protagoricienne, nous sommes, dans le jugement de valeur, toujours la mesure de toute chose, mais toute chose n’est pas à notre mesure et ce qui marque la dignité de celui qui s’essaye à la Pensée revient justement à savoir qu’à la fin il ne saura rien. Socrate corrige Nietzsche. Les choses se gâtent quand Nietzsche se confond avec Socrate.

 
Ainsi le pauvre Théo, fruit de la fixation mentale d’une élite « artistique » qui rejoue, au bord du gouffre, la ritournelle qu’elle joue depuis quarante ans, dans un ultime tour de piste, persuadée de s’offusquer contre une vérité directement sortie de Dupont Lajoie et qui, depuis le film d’Yves Boisset, s’est a minima atténuée. Le flic de Cabu, ivrogne raciste, espèce de S. A. en béret, déambulant en meute à la recherche de jeunes beurs à ratonner histoire de distraire sa cuite, a fait long feu pour laisser place à une réalité ultra violente plus proche du Détroit de Robocop que d’un film français ou d’une chanson de rap conscient des années 90. Mais peu importe puisque Patrick Bruel, Omar Sy, Josiane Balasko et Steevy Gustave (sic), pour ne citer qu’eux, entendent bien s’amuser encore au jeu de la bienpensance hypostasiée en vertu rebelle, sans payer quoi que ce soit puisque, comme d’habitude, c’est la réalité qui rince. Pourrait-on leur reprocher cet aveuglement criminel, le refus des faits qui semblent à mesure que l’enquête progresse instiller une relation plus complexe des événements ? Non, ils donnent leur avis auquel ils s’accrochent, sans se soucier d’y réfléchir, parce qu’il définit les limites d’un monde qui est le leur et qu’ils habitent heureux, qu’ils ont construits selon leurs repères eux-mêmes circonscrits entre un compte en banque, a priori plutôt bien approvisionné, un ou deux arrondissement parisiens, et leurs amis dont on peut parier qu’ils naviguent entre les mêmes frontières citadines, munis des mêmes richesses. Ceux-là forment un peuple, certes privilégié, mais un peuple malgré tout qui, comme tout peuple, peine à imaginer qu’il ne puisse pas envisager toute chose à sa mesure et qu’en dehors de lui existent des réalités différentes soumises à des conditions qui ne soient pas simplement les variations plus ou moins ample d’un bonheur promis à tous. Que le chaos tonne par delà leur univers, ils ne le mesurent pas, que gronde la révolte, peu leur importe pour la raison qu’ils ne désirent pas se révolter et que le chaos demeure une vue de l’esprit pour ceux-là qui connaissent depuis longtemps l’ordre, le luxe, le calme et la volupté.



On parle beaucoup de populisme ces temps-ci, la pétition pour Théo en figure un flagrant exemple : l’expression directe d’un ressenti que rien ne fonde autrement que parce qu’il est partagé par ceux qui l’expriment. Populisme d’en haut dont on peut se demander s’il est, à bon droit, si différent de celui d’en bas que l’on pourrait résumer d’un slogan en deux mots : un « ça suffit ! » – reconnaissons-le – légitime lancé à l’encontre de celui d’en haut. En revanche, il n’est pas certain que le populisme d’en bas soit la solution à celui d’en haut et qu’au contraire de lui il pense soudain et s’acharne à la mesure socratique au détriment de l’Hubris nietzschéenne pour laquelle un fait se limite à un interprétation relative à un ventre, ni que cette décence commune que certains invoquent et que l’on n’a jamais vu nulle part, pour la raison qu’elle n’est jamais populaire mais aristocratique – quand même elle se manifeste chez des gens du peuple –, soit une décence plus « vraie » que celle de Josiane Balasko, Patrick Bruel, Omar sy ou Steevy Gustave (sic), pour ne citer qu’eux. D’ailleurs on imagine sans peine que le populisme soit rien moins que l’idée fixe de l’élite étendue aux dimensions du peuple, et réciproquement ; cela s’appelle la démocratie et cela n’empêche pas le gouffre…


1 commentaire:

  1. Balasko et consorts, une culture en France ; diagnostic dans le questionnaire théologico-politique idiot ci-dessus ?
    case 3 "tous les autres sont de la merde" 5/5,
    case 10 "donc je ne suis pas damné' 3/5
    case 15 "jouisssons" 5/5.

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