samedi 29 septembre 2012

L'écologie véritable


     « À genoux au pied de l’arbre, mes lèvres sur ses douces écorces, je lui parlai tendrement en une sorte de murmure demi-chanté, tiré du plus profond de mon être et de ma vérité. Un chant rauque un peu, modulé dans la gorge comme un feulement de bête. Je défis la boucle de ma ceinture, j’enlaçai l’arbre et je fis la femme avec lui, torse nu, les flancs nus, serrant le tronc entre mes cuisses. Je sombrai ainsi dans la volupté pure et simple, absolue, délicieuse. J’aimais l’arbre, je désirais l’arbre. Mon caractère m’incitait à être heureux sans réserve. Dans ce pays des grottes peintes, le plus lointain Passé m’approuvait. Dans mes rapports avec l’arbre, ce qu’il y avait en moi de femme venait des premières nuits de la terre ; cet amour des feuilles datait des premiers soirs, des premiers Paradis, et me composait un curieux caractère de magicienne. Une profonde mémoire me revenait dans un flot de plaisir. »

François Augiéras, L'apprenti sorcier, Paris, fata morgana, 1976, p. 81. 



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